Témoignage de reconversion professionnelle : d’Entraîneur d’échecs à Greffier

Témoignage de reconversion professionnelle : d’Entraîneur d’échecs à Greffier

Bonjour Jean-Paul. Dans cette interview, on va parler de ta reconversion puisque tu es passé d’entraîneur d’échecs en club, à greffier en tribunal. Alors, pour commencer et pour bien comprendre d’où tu viens, parle-nous de ton parcours initial. Quelle formation avais-tu à l’origine ?

A la base, j’ai une formation juridique, puisque j’ai obtenu une maîtrise de droit il y a 20 ans déjà.

A la sortie de tes études, qu’as-tu fait ?

En fait, je n’ai pas travaillé dans le droit. J’ai eu l’opportunité de faire de ma passion des échecs mon métier en devenant animateur/entraîneur en club. En remplacement du service militaire, j’ai eu la possibilité d’effectuer un service civil en tant qu’entraîneur d’échecs, d’une durée de 20 mois (au lieu de 10 mois pour le service militaire). Et puis finalement, j’ai continué dans cette voie parce que c’est ce que j’aimais faire, mais tout en me disant que peut-être un jour je reviendrais au droit.

Pendant combien de temps es-tu resté prof d’échecs ?

Pendant 13 ans.

Qu’est-ce qui t’as poussé à changer de voie ?

Il y a eu une combinaison de deux facteurs en fait. D’une part, ma femme avait trouvé un emploi dans une autre région, et dans cette hypothèse on avait prévu que je la suivrais. D’autre part, j’avais la sensation d’avoir fait le tour de mon job, même si aujourd’hui les échecs sont toujours ma passion. C’était le moment de passer à autre chose.

Et comment s’est opéré la transition vers le métier de greffier ?

Je n’y ai pas songé tout de suite. Après avoir quitté mon poste d’entraîneur, je m’étais intéressé aux concours du ministère de la justice. Mais il faut savoir que j’avais démissionné donc mon but était de retrouver rapidement un travail pour ne pas me retrouver sur le carreau, alors que la préparation d’un concours nécessite du temps. J’ai donc cherché ce que je pouvais faire dans l’immédiat avec mon expérience professionnelle et ma formation de base.

Après 13 ans comme entraîneur d’échecs, un métier plutôt atypique, et une maîtrise de droit que tu n’avais jamais mis en pratique, j’imagine qu’il fallait négocier le virage. Qui ou qu’est-ce qui t’a aidé à réfléchir sur tes compétences et les métiers possibles ?

J’ai fait le point avec ma femme, qui travaillait dans les ressources humaines. Elle m’a aidé à réfléchir sur mes savoir-faire et savoir-être, à prendre du recul sur moi-même.

Mais alors à quels métiers songeais-tu à ce moment ?

Je visais des postes de conseiller clientèle dans la banque parce que j’estimais que c’était ce qui me correspondait le mieux (mon aisance relationnelle).

Et avais-tu trouvé dans cette voie ?

Je n’ai pas pu mettre le pied tout de suite dans la banque. J’ai d’abord été conseiller clientèle en téléphonie pendant 2 ans. Je pense que c’est ce qui m’a permis ensuite d’atteindre mon premier objectif, c’est-à-dire de rentrer dans la banque, mais en CDD pour commencer. Mon deuxième objectif était d’être embauché en CDI, mais après plusieurs CDD, ça ne s’est jamais fait.

Donc, agacé par la situation, j’ai à nouveau pris du recul sur les métiers que je pouvais envisager, et je me suis intéressé de plus près cette fois aux concours administratifs. A ce moment là, j’avais la chance d’être indemnisé par le Pôle Emploi. C’est ce qui m’a permis de me consacrer 2 mois à temps plein à la préparation du concours de greffier.

Pourquoi greffier en particulier ?

Parce que c’est ce qui correspondait à mes qualités (rigueur, polyvalence, aisance relationnelle) et ce métier me motivait : j’aime le droit, j’aime l’idée de participer aux rouages de la justice, et j’aime la notion de service public, c’est-à-dire être au service des citoyens.

Tu as une maîtrise de droit à l’origine. Finalement, on peut penser que réussir le concours était facile pour toi, non ?

Non, loin de là. Ma maîtrise date de 20 ans, j’ai du tout retravailler. En plus, même si le concours est ouvert aux Bac+2, la grand majorité des candidats ont un Bac+4/+5, et plus récent que le mien, donc la concurrence est rude.

Aurais-tu un conseil ou un message à tous ceux qui souhaiteraient se reconvertir ?

Ce serait de ne pas faire les choses à moitié. Je veux dire par là, d’abord, bien réfléchir à ce qu’on est capable de faire, mais ensuite, une fois la décision est prise de se lancer dans une voie, de s’y donner à fond pour y arriver, et employer tous les moyens à disposition pour atteindre son objectif.

Pour moi, par exemple, ça a consisté à : récupérer des cours de droit d’étudiants actuellement en Master, de m’inscrire à la bibliothèque universitaire de ma région (une info : l’inscription est gratuit pour les demandeurs d’emploi), de profiter de l’opportunité qui m’était donnée d’être indemnisé par le Pôle Emploi pour pouvoir me dégager du temps à la préparation, de demander conseil à une personne compétente de mon entourage pour m’aider à planifier ma préparation au jour le jour, et enfin d’utiliser les outils internet pour m’informer sur les forums et le site du Ministère de la Justice.

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